SECONDE MOITIÉ DU XVIe SIÈCLE                    253
tapisserie en général. En sa double qualité d'Italienne et de descen­dante des Médicis, elle était fort sensible à toutes les manifestations de l'art. Il nous reste un témoignage célèbre de son goût pour les belles tentures dans cette suite d'Artémise, où elle se plut à célé­brer sa douleur de veuve inconsolable et les soins qu'elle prit de l'éducation de ses enfants.
Le succès de ces compositions fut immense. Pendant près d'un siècle, de 1570 à 1660, d'après M. Lacordaire, VHistoire d'Arté­mise resta presque constamment sur le métier et ne fournit pas moins de dix tentures différentes. Après avoir consolé le veuvage de Catherine de Médicis, ses allégories funèbres trouvèrent une autre application après la mort de Henri IV; de là leur succès en quelque sorte inépuisable.
Les dessins de VHistoire d'Artémise sont dus à Henri Leram-bert, dont le crayon facile traça souvent des cartons pour les tapissiers de son temps. Le cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale possède un recueil de compositions de cet artiste, retra­çant les Scènes dela Vie du Christ, et destinées à servir de modèles aux artisans de la Trinité. Des tentures furent, en effet, tissées sur les cartons inspirés par ces dessins. Elles sont dues au plus fameux des élèves de la Trinité, à ce Maurice Dubourg ou Dubout, que Sauval a vante et qui fut chargé par Henri IV de diriger la manufacture installée d'abord dans l'a maison des jésuites, puis aux Tournelles, enfin dans la grande galerie du Louvre.
La Vie de Jésus-Christ, exécutée sur les dessins de Lerain-bert, était destinée à l'église Saint-Médéric ou Saint - Merri. Nous avons fait connaître, dans notre Histoire de la tapisserie française, le texte du traité intervenu entre le tapissier et les marguilliers de l'église. Cet acte, qui appartient maintenant aux riches col­lections de la ville de Paris, conservées à l'hôtel Carnavalet, pré­cise la date des tapisseries de Saint-Merri. Sauval plaçait leur achèvement en 1594, tandis qu'elles sont plus anciennes de dix années. Voici l'analyse succincte du marché.
Maurice Dubout, tapissier de haute lice, demeurant dans l'enclos de l'hôpital de la Trinité, rue Saint-Denis, s'engageait à travailler sans interruption, sur deux ou trois métiers, aux pièces que lui commanderaient les marguilliers de Saint-Merri. La laine était fournie à Dubout, mais on en déduisait la valeur à raison de cin­quante livres par pièce et de 35 sous la livre. Le prix était fixé